Sans
revenir en détail sur l'historique de la crise du logement, je me
permets tout de même de rappeler que celle-ci touche gravement notre
canton depuis plus d'une dizaine d'années, et donnerai peut-être
juste un chiffre pour montrer les effets de celle-ci : on note
une augmentation de 120% des prix de l'immobilier sur l'arc
lémanique entre 2001 et 2011, impactant de manière très importante
les loyers des rares objets que l'on peut encore trouver sur le
marché, mais aussi les coûts à l'achat pour celles et ceux qui
peuvent privilégier cette option ...
- De
nombreuses pistes ont déjà été étudiées mais on note souvent de
fortes réticences d'une partie de l'échiquier politique pour en
accepter certaines, ces réticences pouvant aussi bien venir de
droite que de gauche selon l'orientation souhaitée ... avec comme
résultat final une situation qui n'évolue malheureusement pas.
Très
récemment, le CE a tenu une conférence de presse pour présenter un
contre-projet à l'INI de l'ASLOCA, avec des mesures intéressantes,
mais qui doivent encore passer le cap de la consultation puis de
notre assemblée ... mais avec une option qui visiblement n'a pas été
imaginée ...
On
sait que seule une offre massive d'objets serait à même de casser
la spirale infernale d'augmentation des prix et loyers et qu'un des
éléments qui contribuent à l'augmentation très forte du prix de
revient d'une construction est le prix du terrain.
Or
les collectivités publiques détiennent, sans en être conscientes,
un potentiel sans doute constructible important, et cela à moindre
coût, pour ne pas dire à coût nul.
Dans nos souvenirs d'enfance liés à notre scolarité, on se
souvient sans doute toutes et tous qu'à une époque fort lointaine
certes, notre pays était peuplé par les lacustres ... (-4000 à
-1000 environ … à l'âge du bronze ...) ... une des raisons d'être de
ces villages lacustres étant d'économiser des terres cultivables
... ce que chacun dans ce parlement défend ardemment comme on l'a vu
il y a quinze jours encore avec la mesure E23 du PDCN (
Réseau cantonal des lacs et des cours d’eau) et l'amendement de
notre collègue Laurence Crétegny.
Les voyageurs que nous sommes tous devenus connaissent sans
doute de multiples exemples d'habitat que je qualifierai
d'aquatiques …
J'ai donc l'honneur de demander au CE un rapport présentant le
potentiel constructible sur le domaine public constitué par les eaux
de nos lacs, et pourquoi pas, de nos fleuves et rivières.
En
dehors de l'élément d'économie de terres agricoles que je viens
d'évoquer, l'élément de trouver ainsi des surfaces déjà en mains
publiques, puisque nos eaux font partie du domaine public, et cela
sans avoir à casser la tirelire de notre grand argentier me paraît
être un élément déterminant pour aller plus avant dans cette
étude.
A ces
avantages évidents, j'en ajouterai encore 2 ou 3 ...
Vous
connaissez bien sûr toutes et tous ma fidélité au Plan directeur
des rives du lac et à mon souhait de voir enfin se réaliser
l'objectif de pouvoir cheminer le long de celles-ci d'une manière
plus importante que la situation actuelle ne le permet ...
Ainsi,
la construction sur pilotis le long de nos rives, permettrait
l'intégration, côté lac, d'un cheminement permettant de préserver
la propriété individuelle.
Un
tel concept doit évidemment s'accompagner de règles, notamment
liées à la densité suivant les endroits, et bien sûr aussi à la
hauteur des constructions. A cet égard, la collaboration avec les
communes riveraines est essentielle pour la réussite d'un tel
projet. On peut par exemple imaginer que les communes qui ont déjà
joué le jeu du PDRL puissent bénéficier de droits de construire
supérieurs aux autres ... mais aussi que celles qui n'ont pas pu
réaliser des projets qui leur tenaient pourtant très à coeur en
raison de la résistance effrénée de propriétaires riverains
pourraient obtenir des droits pour des hauteurs de construction plus
élevées, de manière à pénaliser ces indécrottables résistants
en les privant nos seulement de la vue sur le lac, mais aussi sur les
Alpes ...
Par
ailleurs un habitat assez important avec un accès direct au lac
permettrait, à n'en pas douter, de développer d'une manière
importante un type de mobilité encore insuffisamment utilisé :
en effet, la constitution d'un réseau important de navettes
lacustres permettra de diminuer sensiblement le temps de trajet des
pendulaires, tout en déchargeant considérablement nos routes et
donnant un peu d'air aux CFF.
Bien
sûr que mes collègues de l'arrière pays, et à juste titre, diront
qu'une fois de plus, c'est l'arc lémanique qui bénéficiera d'un
tel concept. Mais je sais le CE assez inventif pour trouver des
compensations à ce qui pourrait être considéré comme un
désavantage pour les régions qu'ils défendent ...
On
pourrait imaginer, par exemple, que pour chaque tranche de population
nouvellement installée ainsi (nb d'habitants à déterminer), une
autorisation de construire un Landi supplémentaire soit octroyé
dans la région comprise entre Payerne et Avenches ...
A
noter par ailleurs qu'un tel projet constitue un défi architectural
des plus intéressants, et qui ne manquera pas bien sûr d'animer de
nombreuses discussions
Je
terminerais, par 2 éléments :
Tout
d'abord, il est clair que dans mon esprit, et comme le spécifie du
reste le Plan Directeur des Rives du Lac, les zones dignes de protection écologique majeures se
seraient pas constructibles et enfin, en vous avouant par honnêteté,
que, pour la région comprise entre Lutry et Vevey je n'ai eu le
temps de m'approcher ni de Franz Chollet, ni d'Edmond Weber pour
m'assurer de la faisabilité de telles réalisations dans une région
particulièrement sensible.
Je
vous remercie donc de faire un bon accueil à ce postulat, pour un
renvoi direct au CE, car chacune et chacun doit être conscient de
l'urgence de trouver enfin une solution à la crise évoquée et
partant du principe que les utopies d'aujourd'hui sont souvent les
réalités de demain.
Montreux,
le 1e avril 2014
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